Les mammites d’environnement sont dues à un large spectre d’espèces bactériennes qu’on retrouve naturellement dans les bouses et sur la peau des bovins. Elles colonisent facilement l’environnement où vivent nos animaux, comme les litières, logettes, pâtures… Parmi ces microorganismes, les deux pathogènes majeurs sont : Streptococcus uberis et Escherichia coli.
Les germes d’environnement à la loupe :
- Escherichia coli est responsable de la majorité des mammites cliniques aiguës : modification du lait, inflammation du quartier, perte d’appétit et fièvre... Parfois, la production de toxines et les phénomènes inflammatoires sont tellement importants que l’animal est incapable de se relever (syndrome de la vache couchée). L’état de choc peut être si sévère qu’il conduit à la mort de l’animal.
En revanche, E. Coli est beaucoup plus rarement impliqué dans les infections chroniques. Cela s’explique par le fait que ce germe, présent normalement dans les bouses, est capable d’atteindre l’intérieur de la mamelle, par « la porte » du sphincter de trayon, mais pas d’y survivre pendant très longtemps.
- Streptococcus uberis fait l’objet d’un intérêt grandissant ces dernières années. Longuement considéré uniquement comme « germe d’environnement », il s’avère que cette bactérie est de plus en plus capable de s’adapter à la colonisation du tissu mammaire et se transmettre, comme pour les germes « contagieux », d’une vache à l’autre par les opérations de traite. Responsable d’au moins 20% des mammites cliniques, l’infection peut se manifester aussi sous forme subclinique, avec une augmentation du niveau leucocytaire. La durée des infections subcliniques varie d’une quinzaine de jours à plusieurs mois, et peut être motif de réforme anticipée.
Des contaminations au tarissement et des symptômes en début de lactation
Un point en commun entre les deux pathogènes : les mammites environnementales se manifestent majoritairement dans les premières semaines de lactation. Les études sur S. Uberis révèlent que la bactérie infecterait souvent le parenchyme mammaire pendant le tarissement. Mais c’est en début de lactation, quand les défenses immunitaires de l’animal diminuent et les phénomènes de stress augmentent, que les symptômes visibles de la mammite se manifestent.
Ayez une hygiène du logement impeccable
Pour faire face à ces pathogènes, l’hygiène du logement est donc primordiale ainsi que le respect des normes en termes de surface de couchage. En phase de tarissement, une aire de couchage de 10 m² par animal et un paillage à raison de 1 à 2 Kg/m² sont conseillés. En conduite logette, l’entretien au minimum deux fois par jour, leur réglage pour maximiser le confort et la propreté de l’animal sont également indispensables. L’utilisation d’asséchants/désinfectants litières de manière complémentaire aux autres matériaux (paille, copeaux de bois, etc.) sont conseillées, pour améliorer l’hygiène des animaux et diminuer le développement des bactéries.
Empêchez les bactéries de pénétrer dans le canal du trayon
Il est également indispensable de poursuivre les bonnes recommandations en termes d’hygiène de traite, et plus en particulier réfléchir à l’utilisation des produits de post-trempage à « effet barrière ». Il existe des produits adaptés en conduite salle de traite mais aussi en version robot. L’objectif est de former un film protecteur, empêchant les bactéries et les souillures de pénétrer dans le canal du trayon entre deux traites.
Enfin, une bonne conduite de tarissement et le recours à l’obturateur intra-mammaire limitent aussi le risque des nouvelles infections pendant cette phase aussi importante pour la préparation de la nouvelle lactation.
Emanuele Cona
Dr Vétérinaire
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