Le tarissement : “Avant toute chose la préparation est la clé du succès”


Penser que le tarissement est une phase improductive c’est oublier son rôle de tremplin pour la lactation à venir. 

Un temps de repos certes nécessaire pour assainir et régénérer la mamelle mais surtout pour assurer un colostrum de qualité, des chevreaux en bonne santé et une chèvre apte à ingérer et métaboliser la ration distribuée pour produire et se reproduire.

L’arrêt de la traite induit une régression physiologique de la glande mammaire. La durée optimale est de 2 mois pour régénérer les lactocytes (cellules synthétisant le lait) et permettre une pleine production à la mise-bas. 

C’est une période stratégique pour assainir la mamelle puisque 80% des problèmes de qualité du lait chez les caprins proviennent de bactéries dites à « réservoirs mammaires ».

Une chèvre bien tarie c’est aussi une chèvre qui dispose de réserves suffisantes pour subvenir aux fortes demandes du fœtus (énergie, protéines, vitamines et oligo-éléments) : 85% de la croissance du fœtus a lieu durant les 2 derniers mois de gestation. 

La Note d’Etat Corporel permet d’évaluer simplement les réserves corporelles. Au tarissement, elle doit être comprise entre 2,75 et 3,0 en lombaire (dos) et entre 3,25 et 3,5 en sternale (fanon).



L’ingestion baisse en moyenne de 20% et jusqu’à 50% en cas de gestation multiple car l’utérus comprime le rumen. Le maintien de la flore ruminale et d’une capacité d’ingestion suffisante conditionne largement l’expression du pic de lactation.

Il faut stimuler l’ingestion en apportant un fourrage appétent, riche et fibreux : son analyse est indispensable ! Les accès à l’auge et à l’abreuvoir doivent être faciles et illimités.
Au cours du dernier mois de gestation, les besoins de la mère et du chevreau sont accrus. Il faut éviter une mobilisation excessive des réserves graisseuses, la saturation du foie en lipides et des maladies métaboliques comme la toxémie.

La détoxification et le soutien du foie sont indispensables dans cette période de fortes sollicitations pour limiter la baisse d’appétit, de production et d’immunité… L’apport d’agents glucoformateurs permet de densifier la ration sans encombrement.

La transition avec la ration de production doit être progressive du fait de la régression des papilles ruminales au tarissement. La régénération des papilles permet d’optimiser l’efficacité alimentaire.
Bien nourrir la chèvre gestante c’est aussi garantir une mise-bas facile et des chevreaux en bonne santé. Un déficit énergétique ou protéique en fin de gestation majore le risque de chevreaux chétifs, sans vigueur, inaptes à réguler leur température corporelle et à s’adapter à l’allaitement « autonome ».

La production d’un colostrum riche en énergie et en immunoglobulines permet un meilleur transfert d’immunité et une vitalité du chevreau renforcée.

La complémentation minérale (calcium, phosphore, magnésium) doit combler l’export massif vers le fœtus et le colostrum et prévenir le risque de maladie péri-partum : hypocalcémie, dystocie, non délivrance…

L’apport en oligo-éléments et vitamines, notamment vitamine E et sélénium, est essentiel à la santé et l’immunité de la mère et du chevreau.

Docteur Marie-Anne LEFOL
Vétérinaire