Les vaches supportent mal la chaleur : baisse d’ingestion, de production, impact sur l’immunité, les pieds et la reproduction…
Avec la multiplication des périodes de hausse de températures, l’impact du stress thermique inquiète de plus en plus les éleveurs français.
Cette thématique a d’ailleurs été abordée lors de l’assemblée générale Prim’Holstein 49 en mars dernier.
L’indice THI (Temperature Humidity Index) intégrant la température et le niveau d’humidité relative de l’air fait aujourd’hui consensus pour évaluer cet inconfort thermique.
Ainsi dès 68 (soit 22°C à 45% d’humidité), la vache a du mal à s’auto-réguler. La température corporelle augmente : on parle de stress thermique.
Pour s’adapter les vaches modifient leurs comportements :
Les vaches respirent plus vite pour dissiper la chaleur. Observer la fréquence respiratoire est un bon indicateur. Au-delà de 60 mouvements / minute, la vache est en stress thermique.
L’ingestion peut diminuer de moitié pour limiter la chaleur produite par les fermentations ruminales. Ce phénomène est délétère pour la microflore ruminale et peut diminuer la production de lait jusqu’à 5 kg par jour. La qualité du lait est aussi impactée : les cellules augmentent et les taux diminuent.
Elles boivent jusqu’à deux fois plus pour compenser les pertes liées à la transpiration et la respiration Certaines consommeront 150 L d’eau dans la journée : il faut donc s’assurer de l’accessibilité et la disponibilité de l’eau.
Elles restent debout plus longtemps pour se refroidir. Ce phénomène favorise les lésions podales et on observe souvent une recrudescence de boiterie à l’automne.
L’impact sur la reproduction est majeur. Le déficit énergétique et le stress oxydatif perturbent la qualité des ovocytes. L’œstrus est plus court et moins intense, les chaleurs sont moins bien détectées et le taux de réussite à l’Insémination Artificielle chute de 30%. Le risque d’avortement, de moindre poids de naissance et de mortalité embryonnaire est également plus marqué.
Les vaches taries sont aussi impactées. La baisse d’immunité liée au stress thermique entraîne une hausse des non-délivrances, des métrites et des mammites. La moindre qualité du colostrum (-10 points d’immunoglobulines avec un indice THI “Température Humidité Index” supérieur à 70) pénalise directement l’immunité du veau et sa résistance aux maladies.
Si le confort thermique dans le bâtiment est une priorité, la ration est aussi un levier d’adaptation.
- Augmenter la fréquence des repas et distribuer aux heures les plus fraîches pour stimuler l’ingestion.
- Revoir les densités énergétiques par l’apport contrôlé de matières grasses : sources d’énergie sans production excessive de chaleur par le rumen.
- Apporter des fourrages de qualité pour une bonne efficacité alimentaire. Attention à l’échauffement.
- Ajuster les macro-éléments notamment potassium et sodium pour compenser les pertes liées à la transpiration mais aussi maximiser la BACA profitable à l’ingestion.
BACA : Balance Anion
Cation Alimentaire = (K++Na+) - (Cl-+S2-)
- Distribuer des substances tampons comme le bicarbonate de sodium pour restaurer le pouvoir tampon de la salive et contrer le risque d’acidose ruminale.
- Incorporer des extraits de plantes et substances apéritives pour favoriser l’ingestion, salivation et régulation respiratoire.
Docteur Viviane LEMIEUX
Vétérinaire