La SCEA des Courtilles est passée d’une production laitière de 1 400 000 litres à 1 770 000 litres de lait produit à 7% en diminuant le nombre de vaches. Comment s’est effectuée cette évolution ?
Julien GAULTIER : Les éleveurs ont augmenté la productivité par vache pour sortir plus de matière utile par vache et plus de produit dans le bâtiment existant. Pour livrer le même volume de lait qu’aujourd’hui sans augmenter la production par vache, il aurait fallu 40 vaches de plus ! Cela aurait été du travail en plus pour les éleveurs et des investissements supplémentaires : agrandir le bâtiment, investir dans une nouvelle stalle de robot…
Vous avez abordé la qualité des fourrages produits sur l’exploitation. Pouvez-vous rappeler les principales améliorations ?
J.G. : L’objectif a été de produire le maximum de protéines sur l’ensilage d’herbe en optimisant les apports d’azote et en favorisant le taux de sucre et la digestibilité en récoltant précocement dès fin mars-début avril. Entre 2019 et aujourd’hui, les éleveurs ont gagné 9 points de MAT sur l’ensilage de ray gras : c’est un gain équivalent à 1 kilo de soja par vache et par jour !
Pour le maïs, les éleveurs ont cherché à produire le maximum d’amidon, en sélectionnant une variété dentée farineux, en récoltant autour de 37-38% et en pulvérisant le grain pour favoriser la digestibilité de l’amidon.
Vous insistez-vous sur l’amidon ? Pouvez-vous en rappeler les principaux intérêts ?
J.G. : L’amidon joue un rôle important dans la synthèse énergétique chez la vache laitière, notamment dans la synthèse du glucose, énergie nécessaire au quotidien pour la vache. Ce glucose est nécessaire à la production du lactose d’où l’importance du niveau énergétique de la ration au travers de l’amidon. En fonction des différents fourrages et des différents apports de la ration, il faut adapter la typologie de cet amidon en fonction de sa dégradabilité. De cette manière, le fourrage sera mieux valorisé par l’animal et la production laitière n'en sera que meilleure.
Pourquoi insistez-vous sur la présentation de la ration, notamment le maïs ensilé à 4 mm ? En quoi l’homogénéité de la ration favorise l’ingestion ?
J.G. : J’insiste énormément sur le hachage pour maximiser « l’ingéré » de fourrage. Cela permet d'apporter les nutriments à la vache par les fourrages produits par les éleveurs : glucides, sucres, protéines, acides aminés et matière grasse. À la SCEA des Courtilles les vaches ingèrent 25,5 kilos de MS, soit 2 kilos de plus aujourd’hui qu’en 2019.
Le hachage permet aussi de mieux maîtriser l’homogénéité du mélange. De cette manière, la vache mange la même chose à 7 h le matin ou à 19 h le soir. On n’a pas de tri de la part des animaux et on maitrise mieux l’équilibre entre les glucides ruminaux et la protéine ruminale.
Vous avez évoqué qu’augmenter la productivité des vaches sans améliorer l’efficacité alimentaire était impossible ? Pourquoi ?
Si les vaches de la SCEA des Courtilles n’avaient pas été plus efficaces pour transformer chaque kilo de matière sèche ingéré en lait et en taux, il aurait fallu qu’elles ingèrent 31,7 kilos de matière sèche pour produire les 43 kilos de lait 7% : c’est physiologiquement impossible !
L’efficacité alimentaire atteint aujourd’hui 1,71. Gagner 25 % d’efficacité alimentaire en plus a également permis une économie de 250 Tonnes de ration par an et de libérer ainsi 23 hectares pour des cultures de vente.
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