Devez-Vous Continuer A Produire Du Lait Dans Le Grand Ouest ? - Avis De Francis FARDOUET

Francis FARDOUET est expert dans le suivi technico économique des élevages laitiers pour l’activité nutrition animale de TERRENA. Les réunions techniques réalisées durant le mois de novembre ont été l’occasion qu’il nous présente sa vision du contexte économique laitier mondial et français. Il nous a également présenté les principaux leviers pour augmenter l’EBE/UMO en s’appuyant sur une étude de COGEDIS.





Quel est le contexte mondial qui définit les enjeux futurs de l’économie des élevages laitiers français ?

FF : Au niveau international, le premier point à prendre en compte est l’évolution de la population mondiale. Dans 27 ans, nous serons 10 milliards de personnes. C’est 2 milliards de bouches supplémentaires à nourrir. Cela se traduit par un besoin d’augmentation de la productivité qui a été confirmé par les Nations Unies et l’OCDE. Ce mois-ci, lors d’une communication commune, ils nous annoncent un besoin de tripler cette productivité sur la décennie 2022 2031. Or actuellement en ce qui concerne la production laitière, en 2022, nous assistons à une baisse de la collecte. Tous les grands bassins laitiers mondiaux sont concernés, excepté l’Argentine. Ce manque de matière impacte le prix du litre du lait qui augmente partout avec des différences entre les pays et les opérateurs transformateurs. Enfin, en France, depuis 5 à 6 ans, nous assistons à une baisse du cheptel laitier, avec une concentration des vaches dans le Grand Ouest du Pays.



Dans ce contexte, quels sont les leviers économiques que vous avez identifiés pour accompagner vos producteurs laitiers ?

FF : Nous nous appuyons sur une étude de COGEDIS qui a valorisé 1200 comptabilités d’exploitations spécialisées en production laitière avec une clôture en mars 2022. Elle nous a permis d’identifier les facteurs clefs pour augmenter l’EBE par UMO patron. Les élevages qui possèdent les meilleurs niveaux ont également des niveaux de charges opérationnelles et de structure plus élevés. Cela va quasiment du simple au double. La différence pour avoir plus de revenu se fait par la recherche d’un niveau de produit élevé. Cela se traduit par une bonne valorisation des charges engagées grâce un produit élevé ce qui permet d’obtenir des niveaux d’EBE plus élevé. Ce résultat est visible uniquement par une analyse globale des charges et des produits. La vision au 1000 litres, par la non-prise en compte du volume produit, gomme les écarts. A chaque producteur son objectif, mais tout gain de productivité sur le troupeau laitier, quel que soit le niveau de production, se traduit par des surfaces libérées et donc plus de cultures de ventes.



Quels sont les bons repères pour atteindre son objectif d’EBE par UMO patron ?

FF : Vous avez bien compris que le premier amortisseur des charges c’est le volume vendu. Celui-ci est défini par la quantité de lait produite par « UMO lait », en y associant le nombre de vaches et le volume par vache. Ainsi, pour atteindre un niveau de 70 000 euros d’EBE par UMO avec un total de charge de 100 000 euros/UMO, il faut au minimum par UMO LAIT : au minimum 400 000 litres, 50 vaches laitières et au minimum un niveau de production de 8 500 litres en moyenne économique.



Quels sont les critères techniques qui font monter le produit ?

FF : il existe plusieurs critères pour obtenir un bon niveau de produit. Celui-ci est corrélé à la quantité de lait produite par surfaces fourragères, à la quantité de lait produite par vache et par jour, et aussi à la productivité des surfaces (T MS/Ha). L’étude nous démontre également que les éleveurs qui ont le meilleur EBE ne font pas que du produit lait. 25% de produits ne sont pas le lait. Ils sont également efficaces notamment sur les surfaces libérées.



Comment concrètement suivez-vous vos élevages sur l’ensemble de ces critères ?

FF : Nous avons mis en évidence que l’indicateur le plus corrélé à la marge / UMO patron et le plus facile à mettre en place dans un suivi régulier est la marge sur coût alimentaire (MSCA). Elle prend en compte le niveau de production laitière en combinant également les taux. Il faut donc maximiser la matière utile. C’est un critère plus précis que la marge brute par 1000 litres.