Top 6 Des Recommandations Pour Exprimer Sereinement Le Pic De Lactation

En début de lactation, la priorité est de concentrer la ration pour exprimer le meilleur pic...sans tomber en acidose ni déclencher des entérotoxémies.

Matthieu ROLLAND, consultant international en nutrition caprine nous a partagé ses recommandations lors des réunions techniques caprines.





#1 - Maitriser l’ingestion

Conserver un volume du rumen suffisant est un véritable challenge en fin de gestation.

« Et pourtant c’est primordial ! » insiste Matthieu ROLLAND.

Le nutritionniste international explique « +10 % de fibres ingérées en fin de gestation, c’est +100 à +150 grammes de matière sèche ingérée en début de lactation soit + 0,2 litre par chèvre au pic ».

Maitriser l’ingestion c’est aussi sécuriser le fonctionnement du rumen et réduire le risque d’acidose. « Les animaux à plus faible capacité d’ingestion sont ceux qui trient le plus ! »

Matthieu ROLLAND recommande de « limiter les refus à 5% maximum pour ne pas donner la possibilité à la chèvre de trier ».




#2 – Garantir un environnement du rumen optimal

« Tout écosystème a besoin que les conditions essentielles soient réunies pour pouvoir fonctionner », rappelle le nutritionniste. Dans le cas du rumen, la maitrise du pH (via le pilotage de la BACA) et l’apport de nutriments minéraux (Mg, Ca, P) sont nécessaires pour permettre un bon développement microbien et donc des fermentations ruminales optimales.

La ration doit avoir le même profil au cours de la journée. « Les chèvres doivent manger la même chose à 7h le matin qu’à 19h le soir », indique Matthieu Rolland. Ainsi on équilibre les glucides et la protéine à chaque repas et on assure un bon synchronisme des dégradations dans le rumen. Cela permet d’éviter toutes fermentations incontrôlées pouvant causer des situations de sub-acidose ou de sub-alcalose.




#3- Maximiser la production d’Acides Gras Volatils (AGV) et de protéines microbiennes

Matthieu ROLLAND le constate : « Produire de la matière utile consiste d’abord à nourrir le rumen de la chèvre ». C’est en effet les bactéries du rumen qui fournissent la majorité de l’énergie et de la protéine nécessaires à la mamelle pour synthétiser le lait, la matière protéique et la matière grasse.

Cela passe par la synchronisation des apports de glucides et des matières azotées à chaque repas : les glucides rapidement fermentescibles avec les protéines ruminales solubles, les glucides lentement fermentescibles avec les protéines ruminales lentement dégradables.



#4 – Moduler le profil de l’énergie et de la matière grasse au cours de la lactation

Matthieu ROLLAND explique que « le profil énergétique de la ration doit évoluer au cours de la lactation ». En début de lactation, toutes les sources d’amidon sont bien valorisées : favoriser un amidon intestinal est bénéfique à la production laitière. En revanche, en fin de lactation, il faut limiter l’amidon intestinal : le glucose provenant de l’amidon intestinal provoque une baisse de la persistance et un excès d’engraissement.

Pour la matière grasse, le nutritionniste conseille d’utiliser des acides gras saturés en début de lactation pour maximiser le pic. A 200 jours, « il faut adapter le niveau de matière grasse en fonction de la NEC (pour rappel l’objectif est de 3 à 200 jours) ainsi que le profil ». Il faut privilégier des acides gras insaturés pour limiter l’engraissement excessif après la repro et limiter le risque de toxémies.



#5 – Stabiliser l’environnement intestinal

L’entérotoxémie est une maladie mortelle due au développement anormalement important de bactéries anaérobies (Clostridium perfringens) dans l’intestin des ruminants. Ces bactéries produisent des toxines qui provoquent l’empoisonnement de l’animal.

La stabilité de l’environnement intestinal passe avant tout par la maitrise de la fraction de glucides fermentescibles arrivant à l’intestin.

Le nutritionniste rappelle : « on ne peut pas raisonner seulement sur le taux d’amidon. Toutes les sources d’amidon ne se ressemblent pas ! ».

Les critères de rationnement doivent refléter la vitesse de dégradation de l’amidon pour piloter précisément la fraction ruminale et la fraction intestinale.



#6 – Faire des analyses de fourrages

« Les analyses de fourrages c’est non négociable ! ». Faire l’impasse sur l’analyse de fourrage, c’est rationner à l’aveugle.