Depuis 2010, la production de veaux de boucherie et de jeunes bovins est en baisse de, respectivement, 13% et 9% (Douguet, 2019). La priorité pour les éleveurs laitiers est de trouver un nouveau débouché permettant de valoriser les veaux non destinés au renouvellement du troupeau.
D’une part, le croisement avec des races à viande permet d’améliorer les résultats à l’insémination pour les femelles laitières et engendre des veaux avec une valeur marchande supérieure. En 2019, 18% des veaux laitiers sont issus de croisement avec des races à viande. Cette pratique, en hausse de 36% depuis 2010, est renforcée par l’utilisation de semences sexées pour le renouvellement du troupeau (Douguet, 2019).
D’autre part, la mise en place de JB d’origine laitière permettrait de compenser en partie la baisse d’offre de JB allaitants sur le marché.
Un nouveau mode de production pour la souveraineté alimentaire
La viande issue de la restauration Hors Foyer (RHF) en France provient d’importations (280 000 Tonnes Equivalent Carcasses (TEC)) dont 78% provient de vache laitière (Monniot et al., 2019). Les caractéristiques de la viande issue de veaux d’origine laitière sont similaires à la viande aujourd’hui importée. Cette nouvelle production conduirait à l’autosuffisance des productions bovines françaises. Les veaux laitiers sont en grande majorité exportés et représentent à eux seuls 78 300 TEC, soit un potentiel de 28% des importations de viandes bovines (Monniot et al., 2019).
Aujourd’hui le constat est clair : la décapitalisation du cheptel bovins et plus particulièrement des vaches laitières va entrainer dans les années à venir une diminution du nombre de vaches disponibles sur le marché et par ricochet de viande. Ainsi l’engraissement de veaux d’origine laitière comme substitution à la viande de vaches laitières apparaît être une solution à la pérennité de la production de viande bovine.
L’engraissement de veaux d’origine laitière répond aux attentes sociétales actuelles
Les bovins issus de croisement laitier participent à l’utilisation des ressources. Les animaux valorisent des ressources naturelles, par le biais d’itinéraires alimentaires basés sur l’herbe (stockage d’herbe sous forme de foin et d’ensilage). En effet, la ration riche en ressources cellulosiques, est peu concurrente vis-à-vis de l’alimentation humaine.
De plus, l’engraissement des veaux laitiers a un impact environnemental positif lié aux services écosystémiques. Il participe au stockage de carbone en lien avec la distribution d’une ration fourragère et au maintien de la biodiversité et du paysage via la conservation des prairies. Cette nouvelle production met en évidence la complémentarité de la filière lait et viande avec la réduction de l’impact carbone : le poids carbone du veau laitier est inférieur au broutard issu de troupeaux allaitants. De même, l’élevage de veaux d’origine laitière réduit l’émission de méthane du fait de l’abattage jeune des animaux : entre 17 et 24 mois maximum.
Enfin, cette filière répond aux enjeux de bien-être animal. Elle créé un nouveau débouché pour les veaux issus d’élevage laitier. Ainsi, elle participe à la réduction du nombre de veaux destinés à l’export et par conséquent de leur transport sur des grandes distances. Cette filière valorise également les veaux sur la période de forte disponibilité (automne) et réduit la proportion de veaux sans marché, jugés sans valeur économique.
L’engraissement de bovins d’origine laitière au centre d’un appel à projet
L’appel à projet ENsemble pour la valorisation de Veau d’Origine Laitière EN’VOL, lauréat d’une convention FranceAgriMer dans le cadre d’un plan de Structuration des filières agricoles et agroalimentaires illustre la création de cette nouvelle filière. Depuis juillet 2021, les trois partenaires du projet Terrena, Elivia et Denkavit travaillent conjointement sur la structuration de la filière dans le but de valoriser les veaux laitiers de grand ouest de la France.
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