VERMIFUGES : ces questions que vous devriez poser à votre vétérinaire.

Viviane Lemieux, Vétérinaire en Mayenne, nous explique pourquoi arrêter de vermifuger en systématique est bénéfique pour le portefeuille, la santé animale et l’environnement. 





Rentrée en bâtiment, faut-il viser le zéro parasite ?


NON, les animaux acquièrent une immunité protectrice au contact des strongles. Il faut trouver l’équilibre en favorisant l’exposition sans pénaliser les performances. 8 mois de pâturage sont nécessaires pour une immunité complète (suivant la météo et la charge parasitaire). L’immunité perdure si le parasite reste présent. Traiter trop souvent retarde l’immunité des jeunes et la dégrade chez ceux déjà protégés.

Comment identifier les animaux à traiter ?

En faisant des analyses. Le comptage des œufs dans les bouses n’est pas assez précis pour refléter le niveau d’infestation. Chez les génisses, privilégiez le dosage du pepsinogène sanguin. Cette protéine passe de la caillette vers le sang lors de perforations de la muqueuse par les parasites. Plus il y a de pepsinogène dans le sang, plus il y a de parasites. Chez les vaches laitières, mesurez le niveau d’anticorps contre les strongles sur lait de tank. Selon les résultats, évaluez l’intérêt du traitement avec votre vétérinaire.

Je n’ai plus de saisies douves : j’arrête le douvicide ?

Les douves migrant dans le foie creusent des galeries, à l’origine de saisies potentielles. Les notifications des foies saisis ne sont plus systématiques et l’on sous-estime souvent la présence de ce parasite. Or, le métabolisme hépatique et la production sont fortement impactés (lait -16%, GMQ -10 à -30%). En cas d’échec vaccinal contre les diarrhées néonatales et un colostrum moins bon, il faut y penser. Contrairement aux strongles, les bovins n’acquièrent pas d’immunité contre la grande douve. En cas de pâturage sur zones humides infestées, un traitement est nécessaire chaque année. Les sérologies douve sur sang ou lait de tank dès la rentrée en bâtiment permettent d’évaluer l’exposition.

Mes vaches toussent depuis cet été : je traite ?

La bronchite vermineuse est due à un strongle pulmonaire qui obstrue les voies respiratoires et fait tousser. L’humidité est nécessaire pour la survie des larves infestantes et la pluie favorise leurs dispersions dans la pâture. L’immunité est très lente à se mettre en place et l’achat d’un seul bovin excréteur peut contaminer tout un troupeau naïf. Attention aussi aux génisses peu ou pas immunisées intégrées dans un troupeau laitier excréteur. Mais la toux au pré a aussi d’autres causes (maladie virale, ehrlichiose…). Pour confirmer la suspicion, les prélèvements de bouses sont à acheminer rapidement au laboratoire car les larves sont très fragiles.

Comment gérer mon pâturage pour limiter le risque ?

Réserver les parcelles les plus saines aux jeunes : nouvelles prairies, prairies fauchées. Utiliser la même petite parcelle proche du bâtiment est l’erreur classique à éviter. Attention au chargement et au surpâturage : 80% des larves se trouvent dans les 5 premiers centimètres d’herbe. Sortir les animaux à 6 - 7 cm et pratiquer un pâturage tournant limitent l’infestation. Nombre de parcelles et temps de présence sont à adapter selon la météo. Des outils informatiques prédisent ce risque. Pour réduire le risque douve, aménagez les points d’eau et empêchez l’accès aux zones humides (mares, ruisseaux…).