Comment gagner une plus-value de 100 à 150 € en alourdissant vos broutards ?

Alourdir ses broutards présente un réel intérêt. Un animal vendu entre 320 et 380 kg vif à 8-9 mois génère une plus-value de 100 à 150 € au naisseur par rapport à une vente à 250 Kg vif.





Les engraisseurs français, tout comme le marché export, sont de plus en plus demandeurs de broutards plus lourds, mieux préparés. Ces derniers souhaitent avant tout limiter le temps de présence des taurillons dans leurs ateliers par une meilleure adaptation et surtout une plus grande résistance aux aléas sanitaires. Parallèlement, chez les naisseurs-engraisseurs, on sait depuis longtemps que la prise de poids réalisée avant le sevrage est conservée jusqu’à l’abattage. Un sevrage de broutards plus lourds leur permet d’abattre plus précocement leurs jeunes bovins par la suite.


Alourdir ses broutards… oui mais comment ?


La génétique a son importance : les kilos les moins coûteux à produire sont ceux pris sous la mère. Le potentiel laitier des mères et les dispositions génétiques des jeunes sont les deux principaux leviers pour une prise de poids à moindre coût. La valorisation de la génétique ne peut cependant être permise que par un niveau de rationnement suffisant, ce qui est moins facile à maitriser en période de pâturage et beaucoup plus compliqué en période de sécheresse.


Mais comment alourdir ses broutards quand ces derniers sont encore sous la mère au pâturage ?

L’ensemble des essais réalisés en station expérimentale ces vingt dernières années ont montré la possibilité d’un gain de croissance de l’ordre de 300 à 500 g /jr, soit 50 Kg vifs supplémentaires permis grâce à la complémentation estivale. En cas de sécheresse, donc d’une pousse de l’herbe limitée, les écarts entre les veaux non-complémentés et complémentés sont encore plus importants. La complémentation des broutards au pâturage doit être raisonnée et ne pas compenser une mauvaise gestion de l’herbe. La croissance des veaux sous la mère doit avant tout se faire à partir de l’herbe pâturée. 

Cependant, si les temps de repousse deviennent trop courts et que la hauteur d’herbe reste inférieure à 7 cm, le recours à la complémentation doit impérativement s’envisager pour optimiser le gain de poids des veaux et compenser la baisse de production laitière de la mère. Selon la pousse de l’herbe et le poids du veau, entre 2 et 5 kg de concentré sont nécessaires pour suivre la courbe de croissance optimale. Une complémentation à volonté est même tout à fait justifiée lorsque la ressource fourragère est insuffisante en qualité et en quantité.

Pour des veaux âgés de 4 à 9 mois sous la mère au pâturage, il faudra viser un GMQ de l’ordre de 1 300 à 1 500 g/jr. C’est sur cette période de la vie de l’animal que l’indice de consommation (Quantité d’aliment consommé / gain de poids vif) est le meilleur. Cela revient à dire que le Kg d’aliment investi à cette période de la vie de l’animal est aussi le plus rentable. L’objectif maximum de 1 500 g/j ne devra pas être dépassé au risque de pénaliser les croissances en atelier d’engraissement.


Mieux négocier ses broutards en les vendant au Kg vif !


Chacun sait que plus le broutard est lourd, mieux il est valorisé. Encore faut-il peser et vendre ses animaux au poids pour le savoir ! Initiée par les marchés export Italiens, la vente au Kg vif est devenue incontournable et massivement pratiquée dans les principaux bassins allaitants français.

Même si la majorité des broutards français sont aujourd’hui achetés au Kg vif, reste encore à convaincre producteurs et opérateurs du Grand Ouest encore timides à évoluer vers cette pratique d’achat innovante. Pourtant, elle permet une plus juste fixation du prix entre le producteur et son acheteur. 

Comme va l’inciter la mise en application de la loi EGALIM 2 dans les mois qui viennent, la pratique de la vente au Kg vif facilite la comparaison avec les références de marché et les indicateurs de coûts de production, tous exprimés en € au Kg vif. 

En étant pesés à la sortie de l’exploitation, les broutards sont valorisés selon leur poids réel, le producteur n’est jamais lésé et retouche le juste bénéfice des investissements réalisés en matière de génétique, de sanitaire et d’alimentation.

L’achat au poids vif devient ainsi le meilleur moyen d’inciter à produire des broutards de qualité.

On pourrait même être tenté de dire que la vente au poids vif permet de mieux négocier le prix de ses broutards quand on a de la qualité !