Le croisement industriel plébiscité dans les élevages laitiers !

Les veaux croisés ont de plus en plus la côte dans nos exploitations laitières. En France, alors que le cheptel laitier a diminué de près de 13 % ces 5 dernières années, les naissances de veaux issus de croisement Lait-Viande n’ont cessé de progresser et sont sur le point de représenter près du quart des naissances dans nos exploitations laitières.



⏩ Une spécialisation laitière de plus en plus marquée à l’origine d’un désintérêt pour l’engraissement des mâles sur les exploitations !

L’arrivée du croisement lait-viande dans les exploitations laitières coïncide avec la diminution de moitié du jeune bovin et du bœuf laitier dans ces mêmes exploitations sur ces dix dernières années. D’après les statistiques de l’Institut de l’élevage, les deux tiers des mâles issus du troupeau laitier partent aujourd’hui à l’engraissement dans des ateliers de veaux de boucherie. 


La consommation de viande de veau étant en baisse, la filière est plutôt en déclin, n’offrant d’autre choix qu’un débouché à l’export pas toujours rémunérateur pour les veaux issus de nos exploitations laitières. Le net recul de la production de bœufs et de jeunes bovins laitiers en France a entrainé une forte hausse des exportations de veaux en vif, principalement sur les Pays-Bas et l’Espagne, qui représentent à eux seuls les 2/3 de nos exportations. 

L’export français de veaux nourrissons a ainsi triplé en six ans. Cela n’est pas sans conséquences sur le marché du veau : les veaux légers et peu conformés, de race holstein ou jersiaise, ont tendance à être beaucoup plus délaissés car ils possèdent de moins bonnes aptitudes à être exportés que les veaux plus lourds et issus de croisement.



 Une évolution des pratiques de sélection en élevage laitier !

Avec l’arrivée du sexage en élevage laitier, les producteurs ont de plus en plus tendance à sélectionner leurs meilleures souches pour l’IA en race pure et à utiliser des paillettes d’insémination de taureaux de races à viande sur leurs moins bonnes vaches. L’élevage des génisses se réduit de plus en plus au strict besoin de renouvellement (30 %). 

Du sexage, allié au croisement industriel, découle une nouvelle tendance à faire vieillir plus longtemps les vaches en exploitation, même si l’objectif principal de l’éleveur demeure avant tout l’obtention d’une meilleure valorisation commerciale des veaux.



 Le croisement est-il rentable en élevage laitier ?

Quand on parle de croisements avec des taureaux de race à viande , il faut savoir que la majorité des semences utilisées est de race Blanc Bleu Belge, suivie du Limousin, du Charolais, de l’INRA 95 et plus récemment des races Anglo-saxonnes Angus et Hereford. La motivation principale demeure le prix du veau nourrisson à la vente. 

Une étude publiée en 2021 par l’organisme de conseil Eilyps a montré que le croisement industriel permettait de mieux valoriser les co-produits de l’élevage sur les exploitations laitières, avec une augmentation de valorisation des veaux de l’ordre de 45 € /unité, associée à une meilleure longévité du troupeau du fait d’un moindre renouvellement, permettant un gain total de l’ordre de 1 800 € /UTH sur une exploitation moyenne de 60 VL. 

Une stratégie de renouvellement basée sur le croisement industriel est donc payante économiquement mais procure également moins de charge de travail par une diminution du nombre de génisses sur l’exploitation.



 De nouveaux débouchés avec les croisements de race anglo-saxonnes?

Les croisements de race Bleu Blanc Belge et INRA 95 donnent un produit au rendement carcasse plus intéressant, mais une viande souvent trop maigre pour répondre aux besoins du consommateur. A l’inverse, les croisements avec des races comme l’Angus, la limousine ou la Normande donneraient une viande plus persillée correspondant à la demande du marché Français. 

Les croisements Angus sont particulièrement adaptés à la consommation hors domicile avec des carcasses légères, une viande persillée et un rapport qualité/prix en adéquation avec la demande du marché Européen, voire du pourtour Méditerranéen.

Les produits issus du croisement industriel en troupeau laitier constituent donc un réservoir non négligeable de viande pour les marchés de proximité de demain.



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