Pourquoi utiliser des fourrages en méthanisation ?
En France, on dénombre plus de 500 méthaniseurs
à la ferme en 2021. Une part importante des méthaniseurs utilise des cultures
en co-digestion afin de sécuriser l’approvisionnement (en termes de qualité et
d’autonomie) et pour augmenter la productivité énergétique de l’installation.
De l’ensilage de maïs pour alimenter le méthaniseur
Le choix d’une culture pour produire de
l’énergie va être déterminé par le rendement en biomasse (tMS/ha) et le
potentiel méthanogène (Nm3CH4/kgMO) du fourrage. L’ensilage de maïs
permet de produire une grande quantité de biomasse à l’hectare (environ 14
TMS/ha en France en 2021, source Agreste). De plus son potentiel
méthanogène est élevé, 300 Nm3/ TMS en moyenne (Source FNPSMS).
Néanmoins la problématique est la même que pour l’ensilage destiné aux vaches :
il faut trouver un équilibre entre taux de MS, rendement et qualité.
Une bonne conservation de l’ensilage permet-elle
de produire plus de Biogaz ?
Une bonne conservation c’est plus de matière pour le méthaniseur : du jour de l’ensilage à l’incorporation dans le méthaniseur, les pertes de MS peuvent atteindre jusqu’à 20%. Cela représente, pour 20ha d’ensilage à 14T/MS hectare près de 56T de MS perdue. Soit 16 800 Nm3 de méthane non produit. Il est donc déterminant d’assurer la bonne conservation de l’ensilage avec : un taux de MS adéquat à la récolte (maïs : 32-37%MS), une couverture hermétique du silo et un tassage maximal (objectif : 240KgMS/m3).
Plus de tonnes de MS c’est plus de gaz produit
grâce aux inoculants adaptés à la méthanisation.
Deux familles de bactéries sont utilisées dans
les inoculants. Les bactéries homofermentaires augmentent les fermentations
lactiques et sont donc les plus efficaces pour baisser le pH (pH<4).
Les bactéries hétéro-fermentaires transforment
principalement les sucres en acide acétique. Elles sont moins efficaces pour
abaisser le pH des silos. Elles permettent de limiter les reprises de mauvaises
fermentations à la mise en contact de l’ensilage à l’air. Sans conservateur, il
faut laisser le silo fermé 8 semaines pour que l’ensilage soit stable.
Les méthanisations à la ferme réussissent généralement à avoir ce temps de
fermeture grâce à des stocks d’ensilage de maïs important. C’est pourquoi les
bactéries hétéro-fermentaires vont être recommandées en priorité.
Est-il possible d’augmenter le potentiel
méthanogène du maïs lors de la conservation ?
L’objectif lors de la conservation de
l’ensilage est principalement de réduire au maximum les pertes de matière sèche
et de potentiel méthanogène. La bonne confection du silo est le premier levier
de réduction des pertes d’ensilage. L’autre levier est l’utilisation d’inoculants
qui produisent des acides et des enzymes qui fragmentent la lignine, facilitant
l’accès à la cellulose et à l’hémicellulose pour les microorganismes du
méthaniseur. Le potentiel de production de biogaz serait alors augmenté.
Ce qu’il faut retenir
L’utilisation des fourrages pour les
méthaniseurs permet de sécuriser l’alimentation de l’unité toute l’année avec
un bon rendement de production de gaz. Ces fourrages doivent être conservés en
ensilage. Une bonne conservation est déterminante pour conserver un maximum de
matière ainsi que sa qualité. En plus des bonnes pratiques de récolte et de
confection des silos, des inoculants permettent de réduire les pertes de MS et
d’éviter une trop forte réduction du potentiel méthanogène de l’ensilage lors
de son stockage.
Aubin GARDIN
Ingénieur nutrition fourragère
Groupe élevage Pioneer