Printemps : attention aux ravageurs
Nous sommes au printemps et le maïs doit faire face à de nombreux ravageurs. Deux d’entre eux sont particulièrement nuisibles : la pyrale et la sésamie. Les larves de ces deux foreurs creusent des galeries dans les tiges, les pédoncules et les épis. Au champ, cela se traduit par des casses de tiges et/ou des chutes d’épi, des pertes de pieds et des problèmes d’alimentation. De ce fait, les foreurs du maïs peuvent entraîner des pertes de rendement pouvant aller jusqu’à 4T d’ensilage et 25 quintaux en grains.
Mais pas seulement ! En perforant les organes des plantes de maïs, ces larves créent des portes d'entrée aux spores de Fusarium entrainant une dégradation de la qualité sanitaire (mycotoxines).
Les mycotoxines : des fourrages poly-contaminés
Depuis 3 ans, l’observatoire des mycotoxines compile les analyses du territoire français. La contamination des fourrages par les mycotoxines et notamment en DON (déoxynivalénol) est préoccupante : 80 % des échantillons ont des niveaux significatifs et 20 % des échantillons dépassent le seuil de contamination majeure.
Les mycotoxines sont invisibles et inodores mais très toxiques et très résistantes.
Les vaches ont une certaine capacité à se protéger des effets des mycotoxines grâce au rumen. Cependant lors d’un transit rapide, d’une part importante de maïs ingéré, d’une ration déséquilibrée (acidose subclinique, acétonémie…), les microorganismes du rumen ont moins de temps pour détoxifier les mycotoxines et sont « dépassés ». Cela signifie qu’une partie des mycotoxines échappent à la détoxification ruminale et sont résorbées par l’intestin.
La DON affecte principalement le fonctionnement du rumen. Concrètement, cela se traduit par une diminution d’ingestion de matière sèche, du temps de rumination et une moins bonne digestion des fibres et de l’amidon. La zéaralénone provoque principalement des troubles de la reproduction.
L’absorption de mycotoxines dans le temps affecte de façon plus générale le système immunitaire des animaux.
Capter ou biotransformer les mycotoxines ?
Il existe des capteurs-fixateurs qui vont se lier comme un aimant avec certaines mycotoxines. La toxine « piégée » est ainsi éliminée dans les matières fécales. Il s’agit principalement d’argiles, de parois de levures et de charbons actifs. Ces capteurs sont peu efficaces pour la DON et la ZEA. Il est recommandé d’y associer des enzymes spécifiques qui transforment les mycotoxines en métabolites non toxiques pour l’organisme.
Bien que ces solutions soient efficaces, la meilleure prévention est de limiter la production de mycotoxines par les champignons au champ.
Trichogrammes et / ou insecticides en végétation
Les périodes de vols des papillons de ces foreurs venant pondre sous les feuilles (pyrales) ou à l’intérieur du collet des maïs (sésamies) ne sont pas les mêmes. Pour la sésamie, la période de sortie des papillons a généralement lieu plus précocement et s’échelonne entre mi-mai à fin juin. Pour la pyrale, la sortie des adultes s'échelonne sur un mois environ, entre fin mai et mi-juillet selon les secteurs.
Deux méthodes de luttes successives et complémentaires sont donc nécessaires pour une lutte efficace contre les deux foreurs. Dans un premier temps, une lutte chimique à base de produits insecticides au top traitement, environ 7 jours après le début des vols de sésamies puis une lutte biologique à base d’insectes parasitoïdes : les trichogrammes à appliquer au top, lorsque le début des vols des pyrales a lieu.
Alicia Dunay
Service Agronomie Terrena
Viviane Lemieux-Heily
Docteur Vétérinaire
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