Fourrages poly-contaminés
Les mycotoxines sont des molécules très résistantes synthétisées par des champignons (notamment Fusarium). La majorité des mycotoxines est produite aux champs (DON, zéaralénone, toxines T-2 et HT-2, Fumonisine) et peu durant le stockage en silo (aflatoxine, orchratoxine). Les conservateurs ne permettent pas de détruire les mycotoxines synthétisées avant la récolte.
Les poly-contaminations sont très fréquentes puisqu’un champignon produit plusieurs types de toxines.
Le Rumen : un filtre anti-mycotoxine ?
Les mycotoxines exercent une activité anti-microbienne, anti-protozoaire et anti-fongique, perturbant la microflore du rumen. Concrètement, cela se traduit par une diminution d’ingestion de matière sèche, du temps de rumination et une moins bonne digestion des fibres et de l’amidon.
Cela signifie également qu’une partie des mycotoxines échappent à la détoxification ruminale et sont résorbées par l’intestin. Ce phénomène est accentué avec des niveaux de production élevés, une forte ingestion de maïs et une flore ruminale altérée. Certains signes doivent vous alerter : refus alimentaire en cas de DON, hyperœstrogénisme en cas de zéaralénone. D’autres symptômes sont moins spécifiques : baisse de l’immunité et de la production laitière, boiteries, diarrhées, troubles de la reproduction …
En cas de suspicion, l’analyse des fourrages permet d’évaluer un niveau de risque potentiel. La chromatographie liquide haute performance (HPLC) est l’analyse de référence.
Capter ou biotransformer ?
Les matériaux « adsorbants » : argiles (notamment bentonite), parois de levures et charbons actifs se lient par une liaison électrostatique aux mycotoxines polaires et plates telle que l’aflaxotoxine. La toxine « piégée » est ainsi éliminée dans les matières fécales. Ces capteurs sont peu efficaces pour la DON, ZEA et Fumonisine (mycotoxines de champs).
La solution ? La Biotransformation qui agit par désactivation enzymatique. Des enzymes spécifiques transforment les mycotoxines en métabolites non toxiques. L’utilisation complémentaire d’extraits de plantes et algues stimulant le foie et le système immunitaire limite les effets négatifs des mycotoxines.
Pensez à vérifier que votre solution « anti-mycotoxine » combine adsorption/biotransformation et à moduler la dose selon la pression mycotoxine de la ration.
La prévention doit intervenir dès le champ
Les fins d’été pluvieuses, les automnes humides et les perforations des épis par les foreurs (pyrales) sont des portes d’entrées pour la fusariose du maïs. Favorisez l’activité du sol par des rotations de culture, le broyage et l’enfouissement des résidus : les vers de terre et les bactéries consomment la charge résiduelle de Fusarium.
Les parcelles fragilisées doivent être récoltées en priorité. La contamination par Fusarium s’effectue au stade floraison mais la production de toxine n’ayant lieu qu’en fin de maturation.
Docteur Viviane LEMIEUX
Vétérinaire
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