Le BTPL l’énonçait dans l'article Les besoins d'une vache laitière en
fonction de sa ration de 2016, les minéraux les plus
sensibles sont :
- le phosphore (P) : sert au squelette, métabolisme
énergétique, croissance, production laitière. Son déséquilibre entraîne des
chutes de croissance et de production, boiteries, baisse de fertilité surtout
en cas d’excès et de déséquilibre avec le calcium.
- le calcium (Ca) : squelette, fonction musculaire,
sanguine, composant du lait. Carence : fièvre de lait, boiterie,
fractures. Réduit l’absorption des oligoéléments en cas d’excès.
- le magnésium (Mg) : métabolisme énergétique et musculaire.
Situation à risque à la mise à l’herbe (tétanie, non délivrance,…)
- le sodium (Na) : influx nerveux, muscles, sang. Perte
d’appétit en cas de carence, pica, baisse du TB, acidose si combiné à une
carence en potassium (K).
Les besoins sont en principe exprimés en quantités absorbables au niveau du
tube digestif ; si ces valeurs ne figurent pas sur l‘étiquette du CMV (complément
minéral vitaminé), on peut les calculer à partir de la teneur totale du minéral
et des coefficients d’absorption réelle suivants : 38 % pour le
calcium et 65 % pour le phosphore.
Besoins en g/VL/j |
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P abs |
Ca abs |
Mg abs |
Na abs |
CL abs |
K abs |
E : Entretien |
Poids vif |
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PL : |
Lait (kg/j) |
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Gestation |
stade |
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Entretien |
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+ Production |
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+ Gestation |
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Total = E+PL+G |
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Les oligo-éléments participent à la production d’enzymes, la constitution des vitamines et hormones, aux défenses immunitaires et au contrôle du stress oxydatif. Les principaux sont (avec l’apport journalier recommandé, selon Meschy, 2007) :… Puis viennent les oligo-éléments et les vitamines
- Le cuivre (Cu) : 10 mg/kg MS de ration
- Le zinc (Zn) : 50 mg/kg MS de ration
- Le manganèse (Mn) : 50 mg/kg MS de ration
- Le sélénium (Se) : 0,1 pour les vaches en lactation et 0,3 mg/kg MS de ration pour les vaches gestantes
- L’iode (I) : 0,2 pour les vaches en lactation et 0,8 mg/kg MS de ration pour les vaches gestantes
- Le cobalt (Co) : 0,3 mg/kg MS de ration
- Le fer (Fe)
- Le molybdène (Mo) : 0,1 mg/kg MS de ration
Pour les vitamines, les liposolubles A, D et E peuvent être
limitantes dans l’alimentation des vaches. Leur apport journalier recommandé
(exprimé en Unité internationale, quantité brute de vitamine/kg MS de la ration
totale) varie selon la part de concentré dans la ration :
- Vitamine A : 4200 UI/kg MS de ration si moins de 40 % de concentré et 6 600 UI/kg MS de ration si + de 40 % de concentré
- Vitamine D : 1 000 UI/kg MS de ration quelque soit l’apport de concentré
- Vitamine E : 15 UI/kg MS de ration si moins de 40 % de concentré et 40 UI/kg MS de ration si + de 40 % de concentré
Le vétérinaire saura diagnostiquer une carence en oligo-éléments chez un
animal. Les excès sont quant à eux plus rares.
Si les besoins en oligo-éléments sont faibles, une carence peut néanmoins
avoir des conséquences importantes sur la santé, la production et la
reproduction de l’animal. Une carence en cuivre peut par
exemple entraîner des troubles cardiaques, des boiteries, des infécondités, de
l’inappétence et du pica. Autre exemple : un manque de sélénium chez le
jeune ruminant sera responsable de myopathies.
La société Vétalis a créé un observatoire des oligo-éléments.
Après avoir analysé plus de 12 000 bovins sur le territoire français
depuis 2007, les experts ont pu réaliser une carte interactive des carences
en oligo-éléments selon les secteurs. Cela permet aux éleveurs de complémenter
correctement leurs animaux selon les régions mais également de savoir si les
troubles qu’ils rencontrent dans leur troupeau ont un lien avec les
oligo-éléments.
apporter le CMV dans la ration ou à part ?
Lorsque les besoins de l’animal sont définis, reste à calculer les apports
par la ration en additionnant les apports de chaque aliment. Pour ce faire, se
référer aux tables de valeurs de l’Inra ou aux analyses de
fourrages. Si la différence entre les apports et les besoins indique un déficit
de phosphore, calcium ou magnésium, l’ajout d’un CMV à la ration s’avère
indispensable.
Attention, les besoins des vaches peuvent varier selon les stades.
Selon les habitudes de l’éleveur, l’apport peut être mélangé à la ration
(poudre ou granulés). Dans ce cas, la complémentation est
collective. Certains préfèrent les seaux et pierres à lécher, voire
même les galets effervescents distribués dans l’eau de boisson. Ces
complémentations collectives correspondent bien aux animaux au pâturage pour
lesquels on ne distribue pas de ration à l’auge. En revanche, les conseillers
de la chambre d’agriculture de Bretagne assurent qu’il est possible de faire
l’impasse sur le minéral durant deux mois de pâturage : « L'herbe
verte est naturellement pourvue en minéraux majeurs (Ca et P). En revanche,
elle ne couvre pas les besoins en oligo-éléments (cobalt,
zinc, sélénium). Compte tenu des possibilités de stockage dans le foie, une
impasse de deux mois semble possible. Au-delà, des apports complémentaires sont
à prévoir. » (Extrait du guide technique de l’alimentation
des vaches laitières)
Autre possibilité : les bolus. Ils permettent de s’assurer que chaque animal a bien reçu sa complémentation, contrairement aux seaux à lécher qui pourraient être pris d’assaut par certains animaux dominants. Enfin, certains installent quant à eux des « bars à minéraux » : ces derniers sont alors en libre-service. Attention cependant avec cette distribution car les animaux ne savent pas s’auto-réguler concernant les oligo-éléments. Le libre-service peut alors être fait à certaines périodes de l’année seulement et sur un temps bien défini (exemple : lors de la mise à l’herbe). Le sel peut quant à lui être distribué en libre-service car les vaches savent réguler leur consommation. En revanche, mieux vaut placer les blocs à l’écart du point d’eau.