Plus d’un demi-siècle après son apparition dans les années 1950, l’ensilage représente aujourd’hui la part la plus importante de l’alimentation des ruminants. Au fil des ans, la technique s’est affinée, mais elle n’en reste pas moins une opération délicate. Pilier de l’alimentation hivernale du troupeau, la méthode de conservation doit garantir, pendant plusieurs mois, la préservation des qualités nutritionnelles et éviter les détériorations sanitaires.
Que se passe-t-il dans mon silo ?
Lorsque l’on stocke un fourrage fraîchement coupé, l’activité enzymatique des végétaux et des micro-organismes qu’il abrite provoque une hausse de la température, un tassement de la matière et l’écoulement des jus. L’oxygène résiduel du tas est consommé pendant que les cellules encore vivantes brûlent les sucres et les protéines. C’est la « respiration », une étape qui doit être la plus courte possible, afin de préserver au maximum la valeur alimentaire de l’ensilage.
Obtenir une acidification rapide !
Lorsqu’il n’y a plus d’oxygène, la fermentation anaérobie se met en route : les acides lactiques et acétiques font chuter le pH. Il s’agit alors de descendre rapidement en dessous de 5 pour stopper le développement des micro-organismes indésirables - butyriques, coliformes et moisissures. La valeur de pH à atteindre dépend du taux de matière sèche à la récolte (pH < 5 pour un maïs récolté à 33 % MS). En cas de récolte à sur-maturité, le manque d’eau retarde l’acidification. Inversement, une teneur en matière sèche élevée augmente la porosité du silo. Dans de bonnes conditions, le tas se stabilise en deux semaines.
Échauffement égale dégradation
Dans beaucoup de cas, ces deux étapes ne sont pas optimisées avec des conséquences négatives sur la qualité du fourrage. L’ouverture du silo réactive, ensuite, les fermentations productrices de chaleur. S'ensuit un phénomène d’échauffement qui s’accompagne souvent d’une remontée du pH. Une élévation de 10°C du front d’attaque par rapport à la température ambiante entraîne une perte de 2 % de la matière sèche stockée dans le silo, et une dégradation de la valeur nutritionnelle, variables selon l’intensité de l’échauffement.
Conduire le chantier dans les règles de l’art...
L’intégrité sanitaire de l’ensilage et son appétence sont alors altérées, entraînant une augmentation des refus, une baisse d’ingestion et une dégradation des performances. Les conséquences d’un ensilage mal conservé sont, en effet, multiples : moins de lait, moins de viande, mais aussi de mauvais résultats de reproduction ou une immunité déprimée. Pour éviter ces déconvenues, la récolte et la confection du tas dans les règles de l’art sont un préalable : qualité de coupe, finesse des brins (0,5 à 2 cm), propreté du silo, tassage efficace, bâchage… L’ensemble du chantier doit être conduit avec rigueur.
...et en ayant recours à des additifs de conservation
Pour s’assurer une parfaite conservation du tas et prévenir toute reprise en fermentation, il est possible d’avoir recours à une vaste palette d’additifs de conservation (aussi appelés valorisateurs, inoculants ou conservateurs). L’ajout de bactéries lactiques homofermentaires, avec ou sans enzymes, et/ou d’acides organiques, par exemple, accélère l’acidification. Lorsque le fourrage vient à manquer et qu’il faut entamer le tas plus tôt que prévu, leur utilisation se révèle indispensable. Dans ce cas, on peut alors confectionner un petit silo annexe pour laisser le temps au silo principal de fermenter naturellement.
Pour acidifier et stabiliser
L’acide propionique et les bactéries lactiques hétérofermentaires agissent quant à eux sur la stabilité aérobie. Ils limitent les échauffements lorsque le taux de matière sèche du fourrage récolté s’écarte de l’optimum de 33 %. On trouve également des additifs d’ensilage à base de micro-organisme vivants, aux propriétés antifongiques, qui empêchent le développement des levures, des moisissures ou des amines biogènes, source d’inappétence et de refus.
Coût estimé : 4 à 8 € par tonne de MS
La mise en œuvre des additifs de conservation s’effectue au moment de la récolte. Le dosage doit être précis. Un calcul doit être réalisé en fonction du débit de chantier pour obtenir le volume de solution à appliquer par heure et régler l’incorporateur en conséquence. II existe également des produits à pulvériser directement sur le front d’attaque, ou à ajouter dans la mélangeuse pour éviter l’échauffement de la ration à l’auge. Le coût d’un additif est généralement compris entre 4 et 8 € par tonne de matière sèche.