Le Vrai Coût De l’Alimentation De Vos vaches Pourrait Vous Surprendre…

Parmi toutes les améliorations apportées à la gestion de l’alimentation des vaches laitières depuis trente ans, le suivi précis du vrai coût alimentaire reste encore le parent pauvre.

Beaucoup d’éleveurs suivent leurs rations et leurs factures, mais très peu connaissent réellement ce que coûte leur alimentation une fois pris en compte les écarts de consommation, les pertes et les animaux improductifs.




3 écarts qui changent la lecture du coût alimentaire

1) Les vaches productives ≠ l’ensemble du troupeau

La comptabilité inclut tous les animaux qui consomment à l’auge : vaches taries, malades, génisses.
➡️ Cela dilue le résultat et fait apparaître un coût moyen plus élevé que celui calculé uniquement sur les vaches productives.


2) Ce qui est prévu ≠ ce qui est réellement produit

Le logiciel de rationnement raisonne sur un niveau de lait cible lié à la ration formulée (pensez bien à intégrer cure hépatique, inoculants…).
Mais la comptabilité, elle, enregistre le lait réellement livré.
➡️ Si la production n’atteint pas la cible (santé, météo, stade…), le coût alimentaire apparaît automatiquement plus lourd.


3) Ce qui est prévu ≠ ce qui est réellement consommé

Une ration est calculée sur la base de 22 à 24 kg de MS par vache et par jour.
Mais en pratique :

  • certaines vaches ingèrent 1 à 2 kg de plus,
  • une partie de la matière sèche se perd (au silo de fourrages ou d’aliments, lors du stockage, à la distribution).

Ces pertes invisibles portent un nom : le shrink.
➡️ Le shrink, c’est la différence entre ce que vous payez et ce que vos animaux consomment réellement.

Vous connaissez déjà le shrink des fourrages : un silo mal tassé, mal couvert ou repris trop lentement peut perdre 5 à 12 % de matière sèche.

Mais ce qui est moins connu – et pourtant tout aussi important – c’est que le shrink existe aussi pour les aliments composés.

Quelques % de pertes (condensation, poussières, résidus, moisissures) passent souvent inaperçus. Mais, comme ces aliments sont beaucoup plus chers que les fourrages, leur shrink pèse encore plus lourd économiquement.


Exemple concret (€/vache/jour)

  • Ensilage de maïs : 11,5 kg MS à 115 €/t → 1,32 € théorique1,47 € réel avec 10 % de shrink.
  • Ensilage d’herbe : 4,0 kg MS à 128 €/t → 0,51 €0,57 € avec 10 % de shrink.
  • Soja : 3,0 kg à 400 €/t → 1,20 €1,26 € avec 5 % de shrink.

➡️ Total : +0,27 €/vache/jour, soit ≈100 €/vache/an.
👉 Pour un troupeau de 100 vaches, cela représente près de 10 000 € de shrink par an.
⚠️ Et ces 10 000 €, ce n’est pas de la théorie : c’est 10 000 € de marge brute en moins à la fin de l’année.


Comment limiter le shrink ?

Fourrages

  • Densité autour de 250 kg MS/m³, couches fines de 15 cm maximum
  • Remplissage rapide du silo (< 3 jours)
  • Fermeture immédiate, bâches de qualité bien lestées, étanchéité totale
  • Reprise quotidienne régulière, face d’attaque plane et nette
  • Surveillance des échauffements, limitation des entrées d’air

Aliments composés

  • Nettoyage et désinfection annuelle du silo, réduction des risques de moisissures et biofilm
  • Étanchéité contrôlée : trappes, joints, parois sans fissures ni infiltrations
  • Rotation rapide des stocks (< 2 mois)
  • Vidage complet entre deux livraisons, élimination des résidus d’anciens lots
  • Observation de la fraîcheur : absence d’odeur suspecte, granulés non agglomérés

✅ Quels bénéfices possibles à la clé ?

  • Chaque kilo préservé, donc la perspective de plus de lait ou de GMQ à moindre coût
  • Une réduction du shrink, donc moins de pertes invisibles qui alourdissent les charges
  • Un gain qui peut représenter près de 100 €/vache/an,

➡️ Autant d’éléments qui contribuent à préserver, voire améliorer, la marge brute de l’atelier.