Le marché français du broutard est en demande d’animaux jeunes. À poids égal, un veau vendu à huit mois sera mieux valorisé qu’à dix.
Les engraisseurs veulent des animaux jeunes et bien conformés car leur potentiel de prise de poids est meilleur. Or, côté naisseurs, la vente des animaux intervient encore trop souvent avec deux mois de retard par rapport à l’âge type idéal : 300 kg à huit mois.
Cette situation concerne surtout les veaux nés en sortie d’hiver et mis à l’herbe au printemps. Non complémentés en juin alors que l’herbe commence à manquer, les animaux ne font pas le poids attendu lorsqu’arrive septembre.
Il faut alors patienter encore deux mois avant de les vendre. Conséquence : un impact direct sur le prix de vente. Ainsi, un broutard charolais de dix mois pesant 300 kg noté “R” se négocie 690 € alors qu’un animal de même poids, mais âgé de seulement huit mois et noté “U” est payé 860 €.
La solution ? Complémenter les broutards au pré. Apporter un aliment complet permet de couvrir les besoins des animaux et améliore leur croissance. L'indicateur auquel se référer est l’Indice de Consommation (IC), soit la quantité d'aliment consommé par rapport au poids pris (kg d’aliment/kg de poids pris).
Pour le contrôler, la pesée est fortement conseillée, mais on estime que le sevrage peut intervenir à partir de 5 kg d’aliment consommé/animal/jour.
Les règles d’or d’une bonne complémentation au pré
Pour optimiser le niveau d'ingestion et booster l'IC, maximisez l'apport d'énergie en distribuant un aliment concentré en protéines. Plus le niveau énergétique (UFV) de celui-ci est élevé, moins il est nécessaire d’en distribuer pour favoriser le GMQ.
Pour arbitrer, évaluez la qualité de l’herbe : si celle-ci est de qualité médiocre, privilégiez un aliment riche en énergie (> 0,95 UFV). Un complément, entre 0,85 et 0,9 UFV, riche en cellulose suffit lorsque l’herbe est de meilleure qualité. Le niveau en PDI avec lequel on obtient les meilleurs GMQ se situe entre 120 et 140 g de PDI/UF.
Veillez à la teneur en amidon dans les aliments riches en énergie. Le bon compromis se situe entre 20 % et 25 %. En dessous, l’aliment est surconsommé, au-delà, attention au risque de troubles digestifs. La minéralisation ne doit pas être sous-estimée : elle participe au bon fonctionnement du rumen et donc à la digestibilité de la cellulose.
Évitez les à-coups de distribution et positionnez le nourrisseur dans un endroit fréquenté, avec de l'eau, du sel et de la fibre à disposition. Présenter l’aliment en granulé réduit le risque de tri par rapport à une forme mash. Prévoyez 12 cm d'auge par veau.
En prenant comme base le prix d’un aliment à 290 €/tonne, le coût de cette complémentation est de 90 €/animal. En retenant la cotation U d’un broutard charolais à 2,65 €/kg de poids vif le retour sur investissement est d’environ 40 €/tête grâce à un GMQ supérieur (environ 200 g).
Une complémentation au pré réussie, avec pour finalité la vente précoce des broutards, entraîne également des répercussions moins directes, mais intéressantes :
- Familiarisé tôt avec l’aliment, un veau soulage d’autant plus la fonction laitière de sa mère.
- Vendu à huit mois, il impacte moins la carrière de la vache.
- Deux mois de moins au pré, c’est davantage de stock d’herbe sur pied.